Petit village des Acadiens

L’appellation « Petit Village des Acadiens » ne se retrouve dans aucun document officiel. Le terme qui est utilisé dans la rare documentation historique et dans la banque des toponymes de la ville de Québec est « Faubourg des Acadiens », appellation qui apparaît à partir de 1986 pour éviter, peut-être, de le confondre avec le terme Petit-Village qui était déjà en usage lors de la constitution de la municipalité de Giffard en 1912.

Néanmoins, l’appellation « Petit Village des Acadiens » était reconnue et utilisée par les habitants du lieu et des alentours pour désigner ce quartier qui a été développé par des Madelinots acadiens originaires des Îles-de-la-Madeleine. C’était leur petit village.

Le Petit Village des Acadiens est situé dans le quartier Vieux-Moulin de l’arrondissement de Beauport. Avant la construction de l’autoroute de la Capitale, il était borné au nord par l’actuel Chemin du Petit Village, à l’est par l’avenue D’Estimauville, au sud par la rue Évangéline et à l’ouest par l’avenue Monseigneur Gosselin.

La construction de l’autoroute au début des années 1970 a amené la fermeture d’une partie de l’avenue Turbide et a eu comme conséquence de confiner le Petit Village des Acadiens à la partie située au sud de l’autoroute, isolant du même coup la clientèle scolaire de niveau primaire dont le seul accès à leur école Marie-Renouard et à leur parc des loisirs du côté nord est un tunnel piétonnier plus ou moins invitant.

C’est en 1918 qu’a véritablement débuté le développement de ce quartier avec l’arrivée des quatre frères Turbide : Eusèbe, Samuel, Stanislas et Albert, des Madelinots acadiens originaires de Havre-aux-Maisons, Îles-de-la-Madeleine. Ce territoire faisait alors partie du Village de Giffard et de la paroisse de Saint-Ignace-de-Loyola érigée en 1914. En 1918, l’endroit était demeuré inoccupé et il n’y avait aucune construction.

Les frères Turbide étaient arrivés à Québec en 1916 dans la paroisse St-Charles de Limoilou. Trois d’entre eux ont occupé des emplois à l’Hôpital St-Michel Archange. Ils construisent les premières maisons en 1918 à l’endroit qui deviendra plus tard la rue Évangéline et l’avenue de l’Assomption (aujourd’hui l’avenue Bouctouche). C’est ainsi que le Petit Village des Acadiens a pris forme.

D’autres familles acadiennes se joignent aux Turbide à partir de 1921, dont celles de Joseph-Édouard Faullem et de Zoël Jomphe, les frères Richard, les Chevarie, les Chiasson, les Poirier et les Leblanc. De nouvelles rues apparaissent rapidement, et dès 1935 le conseil municipal de Giffard attribue officiellement les noms de rue Évangéline et L’Assomption. L’avenue Turbide est ouverte en 1948.

Les frères Turbide et leurs compatriotes sont à l’origine de nombreuses constructions et du développement domiciliaire de ce territoire. Dans son album souvenir, monsieur Joseph-Albert Turbide identifie les propriétaires de 32 maisons représentant 70 logements occupés par les Acadiens et leurs descendants.

En 1946, pour répondre aux besoins grandissants de la population écolière du secteur, une première classe est ouverte dans la maison de M. Eusèbe Turbide. Une 2ème classe est ouverte en 1951, et l’école de L’Assomption comprenant 4 classes est construite en 1953. Deux ans plus tard l’école Marie-Renouard, comprenant 8 classes, est construite; et elle sera agrandie en 1966 pour répondre aux besoins.

Le développement du quartier s’accélère (280 familles en 1956). À la suite de démarches des habitants, l’archevêque de Québec émet un décret en février 1956 établissant une desserte dans une salle de l’école. L’érection de la paroisse Notre-Dame de l’Espérance a lieu 5 ans plus tard en 1961. Sans aucun doute, les Madelinots acadiens qui ont développé le Petit Village des Acadiens sont réellement les pionniers de cette paroisse.

Aujourd’hui, plusieurs descendants des premières familles acadiennes habitent encore le quartier et plusieurs constructions réalisées par les pionniers acadiens existent toujours même si elles ont été transformées ou modernisées.

La présence acadienne y est toujours visible à travers la toponymie : rue Évangéline, avenue Turbide, avenue de Bouctouche (anciennement Avenue de l’Assomption), parc Évangéline, rue de la Sagouine, rue des Cajuns, rue Camille-Lefebvre, rue Gabriel-Lajeunesse, Place Évangéline, les Jardins Évangéline.

​Références
  1. Joseph-Albert Turbide, Album souvenir du Petit Village des Acadiens, Paroisse Notre-Dame de l’Espérance, 2011
  2. Madeleine Gagnon, Le Petit-Village d’autrefois, Beauport-Charlesbourg-Giffard du 17e au 20e siècle, 2012
  3. Notre-Dame de l’Espérance 1961-1986, album souvenir
  4. Paroisse de Giffard, album souvenir 1914-1959
  5. Histoire de raconter, le quartier Giffard, arrondissement de Beauport, 2007
  6. Répertoire des toponymes de la ville de Québec
Lieu du Petit village des Acadiens (extrait de Google Maps)
Présence acadienne toujours visible
Maison de Stanislas Turbide et premier restaurant vers 1932
Crédit photo : Micheline Tremblay Turbide